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Temps, rythme, rythmes & autorégulation

  • Amine
  • 19 déc. 2016
  • 6 min de lecture

Les rythmes sont intimement liés au temps.

Le temps qui passe le fait d’une certaine manière, pour chacun de nous.

Il est perçu comme une sensation, parfois agréable (je peux prendre tout mon temps) ou parfois désagréable (je n’ai plus le temps !). Il est perçu comme le cours des événements naturels, comme les saisons ou le temps qu’il fait, ou bien encore, comme des périodes qui se vivent au cours de la vie (enfance, mes 30 ans etc.).

Selon les situations dans lesquelles nous nous trouvons, nous vivons dans des rythmes différents.

Le temps a une dimension linéaire et cyclique. Il a aussi une dimension sacrée et profane.

Dans notre société le temps est plus communément vécu comme une flèche qui va du passé au futur, c’est une ligne irréversible : le cours des événements de notre vie.

Dans d’autres sociétés, anciennes ou primitives, le temps est un cycle.

Rythmé par les astres cosmiques ou par le passage des saisons, les calendriers mayas ou égyptiens prenaient en compte des phénomènes naturels réguliers et rythmant la vie des peuples : changement de saison pour les semailles, les crues nourricières, le mouvement des astres pour les prédictions, etc.

Le temps profane, c’est le temps utile ou utilitaire. C’est ce temps qui nous permet d’être ensemble sur la même longueur d’onde dans notre vie quotidienne. On peut se donner un rendez-vous à telle heure, on peut s’organiser au travail ou à la maison, on sait que tel chose arrivera à tel moment de la journée, etc. Le temps profane est notre outil de vie, reposant sur des outils techniques créés spécialement pour le matérialiser : montre, agenda, réveil matin, etc.

Le temps sacré est associé à d’autres rythmes, souvent qui nous apparaissent comme plus lents, voire éternels. Ce sont d’autres sensations que celles que nous pouvons ressentir au quotidien. Si par exemple nous faisons l'exercice d'imaginer la révolution de la galaxie autour de son centre, ou plus simplement celle de la terre autour du soleil (ou même celle du soleil autour de la terre puisque c'est ce que nous percevons de la terre), nous nous sentirons plongés dans un autre rythme, associé à une autre réalité.

Pour certain ce temps sacré est cosmique, associé aux astres et à leur mouvement.

Pour d’autres il est divinité, associé à des cultes et rituels réguliers, des images, des symboles ou des croyances.

Dans les anciennes civilisations, le temps est souvent "divinisé" (grèce –> Cronos / Egypte –> Râ / Inde –> Brahman, Vishnou, Shiva), et il prend souvent deux visages duels ou polarisés : le principe de vie et le principe de mort, la création et la destruction, la clarté et les ténèbres.

Cette nature duelle exprime un rythme, tout comme le jour succède à la nuit.

Au travers de ces lègues des civilisations, de leurs symboles et rites, nous pouvons toucher à la nature cyclique et rythmique du temps.

Là où le temps profane est lié à notre « micro-réalité » qui foisonne de micro-rythmes, le temps sacré fait référence à une « macro-réalité », qui évolue dans des rythmes bien différents, réguliers et puissants.

Il est intéressant de méditer sur cela car cela peut être l'opportunité de percevoir en nous quelque chose d'immuable, d'immobile, comme ce temps sacré, au-delà ou en arrière plan de tout le foisonnement de notre vie quotidienne. Conscience et temps sont intimement liés.

Notons ainsi que dans les anciennes traditions, chinoises, indiennes, mayas et aztèques, le temps et la divinité sont confondus.

Là où dans les traditions du livre (judéo-chrétiennes et islamiques), le temps et la divinité sont séparées. Dieu préexiste au temps, il n’est pas le temps, il en est le créateur. Le temps a un début et une fin (jugement dernier), il s’écoule de manière linéaire, il est orienté et a un sens (dirigé vers la fin des temps). Les différents calendriers renforcent cette vision du temps linéaire.

Les rythmes biologiques

Les rythmes biologiques sont une propriété fondamentale du vivant. Ils se retrouvent dans toutes les espèces, animales et végétales. Une plante a ses rythmes de croissance, de floraisons, de reproduction et de mort. Les animaux ont leur période de migration, de reproduction et d’hibernation.

Nous pourrions dire que tout comme nous vivons dans une structure physique anatomique (notre corps), nous vivons également dans une structure temporelle (nos rythmes biologiques).

En nous, beaucoup de rythmes peuvent être identifiés : respiration, pulsation cardiaque, tension/relâchement, sommeil/éveil, libération hormonale, menstruation, et bien d’autres. Tous ces rythmes nous sont parfois étrangers, malgré le fait qu'ils nous constituent, très intimement.

Si nous observons l'anatomie de notre organisme nous voyons qu’il possède, aux différents niveaux de son organisation, toute une hiérarchie de rythmes biologiques (des mouvements) orchestrés par des horloges biologiques (l’hypothalamus par exemple). Ces horloges servent à orchestrer et à harmoniser l’ensemble des rythmes internes. Cette symphonie temporelle intérieure n’est pas isolée du monde extérieure et ces horloges internes sont synchronisées avec les rythmes du macrocosme dans lequel elles s’inscrivent.

Il est prouvé par maintes expériences que ces rythmes biologiques, pour toutes les espèces, sont endogènes. C’est à dire qu’ils ne sont pas créés par l’environnement, (par exemple les saisons ou l’alternance jour/nuit), ils sont synchronisés avec ce dernier. Nous vivons au rythme des saisons et du jour et de la nuit. Cette synchronisation est ancestrale et sûrement, de fait, nécessaire à notre santé.

Il arrive cependant que nous soyons désynchronisés de ces rythmes ancestraux, ou plutôt que nous soyons synchronisés avec d’autres rythmes.

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En effet, il a été également prouvé par des expériences mettant en jeu des apprentissages et conditionnements programmés, que le cerveau peut se synchroniser avec n’importe quel phénomène : bruit, odeur, image, du moment qu’il est récurrent et que nous lui portons attention. C’est pour cette raison qu’ils nous arrivent de nous réveiller à l’heure fixée avec le réveil même si celui-ci n’a pas fonctionné, ou d’être habitués à un rdv récurrent ou un phénomène récurrent, comme le bruit des éboueurs qui passent dans la rue, etc.

Ainsi, nous avons parfois comme synchronisateurs des phénomènes non-naturels, qui peuvent dans certains cas nous couper de nos rythmes naturels. Tout ceci étant bien sûr lié à nos habitudes de vie. Pour cette raison il est intéressant de nous observer pour identifier ce à quoi nous sommes synchronisés et identifier les effets de ces rythmes que nous vivons (source de bien-être ou de mal-être).

Retrouver un rythme qui nous convient mieux peut se faire en revenant aux rythmes de la nature, du soleil et des saisons, mais pourquoi pas d’une autre manière ? Il est toutefois certain que la nature représente une aide précieuse dans ce retour à notre équilibre rythmique.

Et de fait, n'oublions pas que la nature est en nous.

Parfois, le simple fait de porter attention à notre respiration en la modulant à un rythme qui nous est confortable génère en nous un profond apaisement et sentiment de sécurité. Ou plus subtile encore : le rythme des battements de mon cœur.

J'aime considérer que ces rythmes, éternels en nous, sont des rythmes sacrés, comme ceux des anciennes traditions, et qu'en y portant attention nous portons attention à ce qu'il y'a de plus précieux en nous.

Nous pourrions pousser un peu plus loin cette méditation sur le rythme pour dire que, lorsque nous sommes synchronisés avec nos rythmes les plus subtiles et ceux de l'univers, nous retrouvons une connexion avec notre intuition et notre spontanéité, et toute notre vie s'en trouvent finalement changée.

***

A propos des saisons, je vous partage un texte extrait du Nei Jing Su Wen, un traité médical chinois vieux de plus de 2000 ans :

Les trois mois de printemps évoquent un déploiement, l’univers est en gésine, la création est dans son éclat. On se couche tard, se lève tôt, on sort de sa demeure, dénoue sa chevelure, se met à l’aise, on goutte la vie. C’est l’époque où la vie se donne, ne se retire pas, on offre, on ne pille pas, on récompense, on ne châtie pas. Le dao (la voie) répondant au printemps est « soigner la naissance ». […]

Les trois mois d’été évoquent un épanouissement. Les souffles du Ciel et de la Terre s’inversent. La Création est en pleine beauté. On se couche tard, se lève tôt. On recherche le soleil, on se met de bonne humeur, on s’épanouit de manière à ce que le souffle (interne) puisse s’extérioriser à son gré. Le dao correspondant est de « cultiver la croissance ». […]

Les trois mois d’automne évoquent un palier. Le souffle du Ciel s’avive et celui de la Terre s’éclaircit. (Changement de couleur des créatures). Comme les poules, on se couche tôt et on se lève tôt. On se veut d’humeur sédentaire pour pallier les rigueurs de l’automne. On recueille ses esprits pour apaiser le souffle de l’automne. On s’abstient de pensées aberrantes pour que le souffle du poumon reste pur. Le dao correspondant est de « soigner les récoltes ». […]

Les trois mois d’hiver évoquent une réclusion. L’eau gèle, la terre se fend, on s’abstient de travailler dehors, on se couche tôt, on se lève tard, pas avant le jour. On se tient comme enfoui, avec l’idée de rester chez soi sans envie de sortir. On fuit le froid, recherche la tiédeur en évitant les transpirations qui épuisent le souffle. Le dao correspondant est « vivre reclus ».

Pour finir, je vous propose de prendre, tout de suite, quelques instants pour fermer les yeux et méditer sur ce thème du rythme.

Laissez simplement votre esprit et votre attention aller naturellement à la rencontre de ce qui vient en vous à ce sujet.

Je vous souhaite un bel hiver :-)

Bibliographie de l'article :

Les rythmes du corps, Nil Editions, Olivier Coudron

L’Homme à la poursuite du temps, Plon Editions, Helga Pohl

Article Wikipédia : rythme, temps, chronobiologie

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