Court extrait, dialogue entre J. Krishnamurti et un interlocuteur (inconnu)
- Amine Felk
- 10 mars 2017
- 2 min de lecture

Un court extrait d'un dialogue entre Jiddu Krishnamurti (philosophe indien) et un interlocuteur. Cet extrait me touche car il met en lien l'acte de voir, la sensitivité (ou sensibilité) et la liberté (une liberté d'attention et non d'action).
"Pour voir clairement il faut qu’il y ait liberté et non une vision contrôlée"
Question. - Ne dites-vous pas tout simplement que pour regarder convenablement il faut être objectif ?
Réponse. - Oui, mais le mot objectif ne suffit pas. Ce dont nous parlons n’est pas l’impitoyable objectivité du microscope mais un état où il y a compassion, sensibilité et profondeur. La discipline, comme nous l’avons dit, c’est connaître, connaître l’austérité n’entraîne pas la violence, ni vis-à-vis de soi-même ni vis-à-vis des autres. Or, la discipline telle qu’elle est comprise habituellement est une action de la volonté, laquelle est violente.
La plupart des gens à travers le monde semblent croire que la liberté est le fruit d’une longue discipline. Voir clairement est sa propre discipline. Pour voir clairement il faut qu’il y ait liberté et non une vision contrôlée. Et c’est ainsi que la liberté n’est pas à la fin, mais la compréhension de la liberté comporte sa propre discipline.
Ce sont deux choses inséparables ; si vous prétendez les séparer il y a conflit. Pour surmonter ce conflit, il faut une action de la volonté qui engendre de nouveaux conflits. C’est une chaîne sans fin.
Ainsi, la liberté est au commencement et non à la fin : ou encore le commencement est la fin. Connaître tout ceci est une discipline spontanée. Cela exige de la sensitivité. Si vous n’êtes pas sensitif à vous-même - à votre milieu, à vos rapports - si vous n’êtes pas sensitif à tout ce qui se passe autour de vous, à la cuisine ou dans le monde extérieur, alors, quelque discipline que vous vous imposerez, vous ne ferez que devenir de plus en plus insensitif, de plus en plus centré sur vous-même - et alors vous verrez proliférer les problèmes. Connaître c’est être sensitif à l’égard de soi-même, du monde qui vous entoure, parce que le monde qui vous entoure c’est vous-même. Si vous êtes sensitif vis-à-vis de vous-même, forcément vous le serez vis-à-vis du monde. Cette sensitivité est la cime de l’intelligence, ce n’est pas la sensitivité d’un spécialiste - docteur, savant ou artiste.
De telles fragmentations font obstacle à la sensibilité.
Le changement créateur. Pages 99 et 100. Chapître : Discipline. Editions Delachaux et Niestlé.1972.
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