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Responsablité & Sensibilité

  • Amine
  • 17 mars 2017
  • 4 min de lecture

Dans cet article je souhaiterais présenter une vision personnelle de la notion de "responsabilité".

J'évoquerai la responsabilité, comme posture intérieure qui touche à comment nous vivons notre vie.

Depuis quelques années je m'interroge sur le sens de cette proposition : « être responsable ».

Je m'interrogeais tout ce temps car je percevais que quelque chose n'était pas tout à fait clair dans ce que j'y comprenais.

Initialement, "être responsable" revêtait pour moi un caractère enfermant et lourd. C'était être responsable par rapport à des choses extérieure à moi, des choses que je n'avais pas réellement choisies et dont je me sentais affublé, parfois même, dans lesquelles je me sentais emprisonné.

Cela concernait mon rapport à des charges extérieures que je devais endosser, ou que j'avais à accepter et qui venait se poser sur mes épaules. Travail, relation conjugale, relations professionnelles, etc. « être responsable » c'était en quelque sorte « être fiable » ou endosser une forme de loyauté : grosso modo, correspondre à une certaine vision figée et déterminée des choses, que cette vision vienne de moi ou des attentes de quelqu'un d'autre.

Ce vécu de ma responsabilité entraînait un éventail de sentiments plutôt désagréables : peur, sentiment d'étouffement, d'impuissance, de lourdeur, d'enfermement, d'obligation. Et avec ces sentiments venait des postures et des états d'esprit plutôt obscures et mornes, figées, paralysés, de victime qui subit sa vie et pour qui tout est une obligation et non un choix.

C'est cette notion de choix qui m'a libéré de cela.

J'ai un jour, rencontré un monsieur, Michel Clayes, qui m'a soufflé la possibilité suivante : "imagine tout ce que tu sens devoir faire. Fais en une liste en commençant chaque élément de la liste par : je dois…

Observe bien ce que tu ressens lorsque tu écris chaque élément de cette liste et lorsque tu relis toute cette liste"

"Maintenant, reformule chaque élément de la liste en commençant par : je choisis de…

Observe ce que tu ressens"

Ce simple switch entre "je dois" et "je choisis" a été source d'une profonde prise de conscience. Quelque soit les excuses que je peux trouver pour penser que je suis "obligé de" ou "contraint à", au fond, tout au fond, je choisis.

Cela a changé profondément le rapport à mes décisions et cela est venu faire écho à un cours de management que j'avais suivi des années plus tôt et dans lequel l'intervenante, Monique Lacotte, nous invitait à sortir de la "culpabilité pour entrer dans la responsabilité". Jolie phrase que je n'avais pas nécessairement bien intégrée à ce moment-là…évidemment sans la compréhension du choix, il m'était difficile de concrétiser ce mouvement qu'elle nous proposait.

J'ai pu observer, dans ma vie, que le sentiment de culpabilité n'aide effectivement pas beaucoup, il génère une glue qui ne permet pas de discerner ce qui est juste dans une situation et de fait, entrave la capacité de faire un choix juste. Il m'enferme en moi-même et me rend inapte à agir avec l'autre ou tout simplement dans ma vie.

Et pourtant, je le vis parfois et je ne peux l'ignorer.

Il me manque donc quelque chose. Ou alors je ne touche pas clairement cette posture de responsabilité que j'entrevois, et qui me semble contenue dans le mot.

C'est alors que je m'intéressais au mot justement.

Responsable. Dans le mot il y'a la racine Respons- qui fait référence à « réponse » et -able qui fait référence à la "capacité, habileté"

Je n'ai pas bien compris d'emblée ce que "la réponse" avait avoir avec la responsabilité.

Dans le dictionnaire, la définition qui est donnée du mot "responsabilité" est :

Qui doit rendre compte et répondre de ses actes ou de ceux des personnes dont elle a la garde ou la charge.

Il y'a donc bien la dimension de Réponse.

Être responsable désignerait donc le fait d'être en mesure de donner une réponse si on nous questionne par rapport à nos actes. C'est le sens que je perçois de la proposition « Répondre de » : être capable de donner une réponse si on me questionne sur mes actes.

Ok, là ça nettoie bien ma représentation de la "responsabilité".

Plus d'obligation, juste de la conscience, que je suis seul à même de pouvoir répondre de mes actes. C'est vrai que cela fait un peu peur…mais c'est au final une simple vérité. Cela m'invite donc à plus de conscience, au quotidien, plus de présence, pour bien voir ce que contiennent chacun de mes actes, d'où viennent-ils et où vont-ils ? Afin que je puisse, déjà en moi-même et pour moi-même, répondre de mes actes.

Et cette présence s'approfondit petit à petit pour percevoir de plus en plus finement ce jeu de question et de réponse.

Avec le temps je perçois qu'il n'est pas seulement question de répondre de mes actes. Il y'a aussi les réponses qui viennent en réponse à mes actes.

Je comprends que chacun de mes actes est une question que je pose : à moi-même, à l'autre, au monde et à l'univers. « Questionner » vient du verbe latin qui veut dire « quérir », qui désigne l'acte de « chercher ».

Etre responsable c'est non seulement pouvoir donner une réponse lorsqu'on me questionne sur mes actes mais c'est également pouvoir recevoir une réponse lorsque je questionne par mon acte.

Chercher ne sert à rien si je ne peux pas recevoir la réponse que je cherche.

Cette dernière compréhension me touche profondément. Car finalement quel que soit mon acte, à chaque instant, si je suis en mesure de recevoir la réponse qu'il génère alors je suis responsable.

Et mieux que ça. Je me sens en Vie !

Car cette réponse est la réponse de la vie : de tout ce qui vit.

Elle peut venir de la personne ou du groupe de personne touchées par mon acte.

Elle peut venir des évènements qui s'agencent de telle ou telle manière, en réponse à mes actes.

Elle peut venir de mon corps, qui répond à chacun de mes actes du quotidien.

Si je me sens en capacité de recevoir toutes ces réponses, je suis responsable, et je suis en Vie.

Toutes ces réponses sont de nature différentes : leur langage n'est pas le même.

De mon corps : ce seront des sensations.

De l'univers : ce seront des symboles.

De l'autre : c'est tout à la fois

A moi d'explorer tous ces langages de ma vie.

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