Éloge de la sensibilité
- Amine
- 7 nov. 2016
- 3 min de lecture
Cela fait un certain temps que mes pensées s'attardent sur ce mot : "sensibilité".
Je l'ai entendu dans plusieurs contextes. D'abord avec une connotation plutôt négative, en signifiant qu'être sensible c'est être facilement déstabilisé ou affecté par quelque chose, un événement, une personne ou un ressenti.
Puis tout doucement en comprenant qu'être sensible n'a rien à voir avec une faiblesse, ou une tare. C'est une qualité, au sens strict. Etre sensible désigne pour moi le fait d'être à l'écoute des ressentis subtils qui nous animent, d'y être attentif.
Nous avons tous une sensibilité. Je dirais même que nous sommes tous des êtres sensibles. Chacun différemment.
Mais je remarque que notre éducation nous a très souvent coupé de notre sensibilité. Pour diverses raisons nous avons considéré qu'il était plus adéquat de ne pas sentir, de ne pas ressentir.
Rupert Sheldrake, un scientifique un peu en marge de la communauté scientifique du fait de ses sujets d'études peu communs (comme la télépathie par ex.) exprime très bien cela dans son livre The science delusion : plus on est éduqué et plus on a appris à ignorer ses ressentis.
C'est ainsi que nous vivons notre vie dans une forme de cage, faites de mots et d'expérience toujours relativement similaires et cohérente avec notre éducation.
J'observe pourtant que le propre de notre sensibilité individuelle est qu'elle est tout à fait singulière. Chacun est sensible d'une manière qu'il lui est propre aux choses qui l'entourent et aux choses qui l'animent.
Être éduqué de manière standard est très bien et nous donne des outils pour nous comprendre les uns les autres, mais le plus souvent cette éducation très standardisée ne nous donne aucun outil pour vivre notre sensibilité singulière.
D'ailleurs cette éducation pourra-t-elle le faire un jour ? Je ne sais pas et ce n'est pas mon propos de le savoir.
Partant de ce constat simple je comprends donc que c'est à nous-même que reviens la responsabilité de développer notre sensibilité, de s'en rapprocher, tout au moins de la considérer.
La difficulté réside dans le fait que nous n'avons pas les outils pour faire cela. Nous savons très bien reconnaître les choses, c'est à dire voir les choses qu'on connaît déjà. Mais dans le cas de ma sensibilité je suis confronté à quelque chose qui est totalement unique, qui plus est ça bouge tout le temps, c'est vivant. Ce que je ressens change sans cesse instant après instant.
Il s'agit donc de développer une autre capacité que celle de "voir ce que l'on connaît déjà". Il s'agit de s'ouvrir à ce que je vis comme ressenti sans chercher à les reconnaître. Un peu comme le scientifique biologiste qui arrive dans une contrée nouvelle et qui découvre tout un tas d'espèces de plantes, d'animaux etc...il ne se met pas à vouloir reconnaître des choses qu'il a déjà vu, il s'ouvrira plutôt totalement à cet inconnu, en l'observant de manière très attentive et subtile.
Ce n'est qu'au bout de ce temps d'observation qu'il pourra reconnaître des espèces, des cycles, des mouvements particuliers. Mais s'il souhaite continuer de découvrir des choses il devra de nouveau apprendre à se libérer de ce qu'il reconnaît pour voir ce qui est neuf, ce qui a évolué etc...
Il y'a donc comme une forme de cycle entre reconnaître et s'ouvrir à l'inconnu. Un peu comme ce scientifique, je pense que nous vivons la même chose en nous, vis à vis de notre sensibilité.
Tout cela m'amène au coeur du message qui m'a touché un jour et qui m'a ouvert à ma sensibilité : observe toi.
Je comprends aujourd'hui que c'est une des voies les plus naturelles pour me rapprocher de ma sensibilité unique singulière, la comprendre et la vivre.

En écrivant cet article je me suis demandé pourquoi cela m'importait autant, ce sujet de la sensibilité ?
Alors j'ai écouté la sonorité de ce mot sens-ibilité. Elle me fait penser à notre capacité à donner du sens, la sens habileté.
La sensibilité, ma sensibilité, serait alors le sens de ma vie.
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